UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône

ACCÈS AUX EHPAD DANS LE RHÔNE l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône sonne l’alerte

Alors que les récentes informations sur les pratiques d’EHPAD privés ont logiquement scandalisé l’opinion, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône rend aujourd’hui publique la situation sur l’accès aux EHPAD dans le Rhône. Déplorant la situation dans le département et plus largement l’organisation de l’accès aux EHPAD, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône formule plusieurs demandes visant à permettre la systématisation d’une prise en charge humaine des séniors en EHPAD, à des tarifs abordables.

Une répartition très hétérogène des places d’EHPAD en France

Alors qu’en France il existe une offre de 102 places en EHPAD pour 1 000 personnes âgées de plus 75 ans, la situation est nettement moins favorable dans le département du Rhône avec 84 places pour 1 000 personnes âgées de plus 75 ans (soit une offre de 13 337 places au total). Au global, les places en EHPAD dans le département ne sont en mesure de répondre qu’à 40 % de la demande potentielle de l’ensemble des personnes dépendantes, contre 47 % à l’échelle nationale.

Si les EHPAD n’ont bien entendu pas vocation à accueillir toutes les personnes dépendantes du département, celles souffrant des pathologies les plus lourdes n’ont pourtant souvent pas d’autre choix que de se tourner vers ces établissements médicalisés spécialisés. Or, on constate que dans le département 75 % des personnes très dépendantes1 bénéficient actuellement d’une place en établissements, chiffre à mettre en parallèle avec une moyenne nationale de 68 %.

Les EHPAD privés tirent les prix vers le haut

L’analyse des tarifs pratiqués par les EHPAD implantés dans le Rhône révèle que le coût moyen d’une place y est de 2 521 € par mois. A titre de comparaison, le prix moyen des places dans les départements limitrophes est de 2 046 € et se situe en France en moyenne à 2 214 € par mois. En confrontant le prix moyen des EHPAD dans le département au niveau de vie de ses habitants on peut estimer qu’en moyenne les résidents doivent piocher 563 € par mois (contre 416 € à l’échelle nationale) dans leurs économies.

La moyenne départementale des prix des places en EHPAD masque d’importantes différences selon le statut de l’EHPAD. En effet, alors que les EHPAD publics départementaux affichent un prix moyen de 2 041et les EHPAD associatifs un prix moyen de 2 303 €, ce tarif s’envole pour les EHPAD privés puisqu’il s’établit à 3 325 €. Ce sont donc bien les EHPAD privés qui tirent la moyenne des prix vers le haut, étant entendu qu’ils disposent dans le département de 29 % du total des places, pourcentage bien supérieure à la moyenne nationale (23 %)

Un développement de l’offre privée favorisé par les pouvoirs publics

Cette cherté des EHPAD privés, commune à toute la France, devrait trouver à s’expliquer par une meilleure qualité des prestations proposées à leurs résidents par rapport à celles dont bénéficieraient les résidents d’EHPAD public. Pourtant cela est loin d’être assuré si on se fie aux taux nationaux2 d’encadrement des résidents qui est de 55,6 % dans les structures privées, contre 68,1 % dans les structures publiques3, ou encore à la qualité de la restauration ou encore des animations, essentielles pour le moral des résidents. Dans la foulée du livre choc Les Fossoyeurs, le récent rapport de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale des affaires sociales ne manque d’ailleurs pas de le souligner.

La stratégie de maximisation du profit des établissements privés qui s’effectue sans toujours prendre en compte l’impératif de bien-être des résidents semble se réaliser avec l’implicite et blanc-seing des autorités publiques, qui outre des manquements dans les contrôles des établissements, favorisent le développement des EHPAD privés. En effet, les Conseils départementaux – qui avec les Autorités régionales de santé (ARS) ont la main sur le développement des EHPAD – trouvent un intérêt budgétaire à favoriser la création d’établissements privés plutôt que de créer des établissements publics, puisque les résidents des EHPAD publics sont davantage en mesure de bénéficier des aides sociales départementales, que ceux des EHPAD privés, notamment en ce qui concerne l’Aide sociale à l’hébergement (ASH).

Au vu des constats dressés, et dans un contexte où le vieillissement de la population va mécaniquement s’accompagner d’une hausse des situations de dépendance, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône, attachée à la liberté de choix du type d’EHPAD et soucieuse d’assurer aux séniors n’ayant d’autres choix que d’en intégrer un, de pouvoir trouver un établissement permettant une prise en charge humaine à un tarif raisonnable demande :

  • que la création de nouvelles places en EHPAD se fasse essentiellement dans les structures publiques ;

  • que les EHPAD privés aient tous l’obligation de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l’Aide sociale à l’hébergement ;

  • un plafonnement des évolutions tarifaires des EHPAD privés ;

  • la mise en place d’un taux d’encadrement minimal obligatoire pour tous les établissements et de porter ces taux à la connaissance des consommateurs ;

  • que les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de vie sociale des EHPAD, pour veiller au bien-être des résidents.

Afin de limiter les restes à charge parfois prohibitifs et durables frappant les résidents, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône rappelle également que l’association promeut depuis plus de 10 ans la mise en place d’un « bouclier dépendance »4, financé par la solidarité nationale.

Enfin, l’association indique l’existence sur le site internet https://www.quechoisir.org/carte-interactive-maisons-retraite-n21239/ d’une carte interactive des EHPAD en France librement accessible, indiquant les prix pratiqués par l’ensemble des établissements, tout en rappelant que le prix ne peut pas constituer le seul critère de choix.

1 Que nous caractérisons comme étant des personnes ayant un GIR 1 ou 2. Cf. dossier national présent sur le site https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-acces-aux-ehpad-stop-aux-intolerables-disparites-geographiques-et-economiques-n100708/ pour les compléments d’information, et prendre connaissance des sources utilisées.

2 Nous ne disposons pas de l’information au niveau départemental.

3 Données DREES. Un taux d’encadrement de 68,1 % signifie que pour 100 résidents, un EHPAD emploie 68,1 personnes.

21 mai 2022

Enquête de l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône Le Nutri-Score ne stigmatise pas le patrimoine culinaire de l’ex région Rhône-Alpes !

Alors que la Commission européenne doit choisir d’ici la fin de l’année le format du futur étiquetage nutritionnel des produits alimentaires, le lobby des industriels prétend que les produits traditionnels seraient stigmatisés par le Nutri-Score. Pour démystifier cette assertion, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône rend publique aujourd’hui une enquête menée sur 51 produits qui démontre qu’à rebours des idées reçues, une majorité des produits alimentaires du terroir de l’ex région Rhône-Alpes obtiennent de bonnes notes avec le Nutri-Score. Pour que les consommateurs puissent systématiquement bénéficier de cet outil fiable pour équilibrer leur alimentation, l’association transmet les résultats de son enquête à la Commission européenne et l’exhorte à retenir le Nutri-Score comme futur modèle européen obligatoire.

L’enquête de l’UFC-Choisir contredit l’argument douteux des industriels

Face à l’augmentation préoccupante du surpoids et de l’obésité1 et leurs conséquences délétères sur la santé, les autorités européennes ont prévu d’imposer en face avant des produits alimentaires un étiquetage nutritionnel dont le format devra être défini d’ici fin 2022. Dans ce cadre, il serait logique de choisir le Nutri-Score, un affichage simple et rigoureux plébiscité, aussi bien par les scientifiques2 que les consommateurs3, et déjà adopté en France et dans cinq autres pays de l’Union.

Bien décidés à masquer la faible voire la mauvaise qualité nutritionnelle de leurs produits et refusant toute amélioration de leurs recettes, certains industriels s’activent pour tenter de décrédibiliser le Nutri-Score. Leurs lobbyistes, instrumentalisant le capital ‘’sympathie’’ dont bénéficie le patrimoine alimentaire européen, prétendent que son calcul serait erroné car il donnerait systématiquement de mauvaises notes aux produits traditionnels en citant notamment le roquefort, le jambon de Parme, l’huile d’olive, etc.

Souhaitant faire toute la lumière sur cet argument douteux, l’UFC-Que Choisir Lyon métropole & Rhône a recueilli un échantillon de 51 références de produits, représentant 41 aliments typiques de l’ex région Rhône-Alpes, afin d’en calculer le Nutri-Score. Les résultats montrent que loin d’être systématiquement mal notés, nos produits traditionnels se répartissent au contraire sur toutes les classes du Nutri-Score.

Répartition des aliments traditionnels

de l’ex région Rhône-Alpes selon le Nutri-Score

Des Nutri-Score favorables pour une majorité d’aliments traditionnels

On compte 23 aliments de Nutri-Score A, B et C, soit une majorité des aliments relevés. Parmi les aliments de Nutri-Score A ou B, c’est-à-dire ceux qui ont la meilleure qualité nutritionnelle et dont la consommation est encouragée par le Programme National Nutrition Santé (PNNS), on relève notamment :

=> les cardons lyonnais et les châtaignes d’Ardèche AOP qui sont source de fibres et de nombreux micronutriments essentiels tels que les minéraux et les vitamines ;

=> les poulets de l’Ain, de l’Ardèche, de la Drôme et du Forez IGP qui constituent de très bonnes sources de protéines.

Parmi les aliments de Nutri-Score C, on note en particulier le gratin dauphinois et les ravioles.

Nutri-Score D et E : gare aux fausses interprétations !

Contrairement à ce que prétendent les opposants au Nutri-Score, il apparaît que les aliments traditionnels de Nutri-Score D ou E représentent en réalité une minorité d’aliments dans notre échantillon.

On trouve notamment le Reblochon, le saucisson à cuire et les pognes de Romans. Ce classement opéré par le Nutri-Score est parfaitement justifié puisqu’il traduit les fortes teneurs en matières grasses saturées et en sel présentes dans certaines charcuteries ou certains fromages, ou encore la proportion élevée de sucre dans les desserts. Rappelons que ce classement, rarement affiché sur les produits mal notés4, ne vise en aucun cas à les dénigrer, ni à en interdire leur consommation, mais signifie seulement qu’il est recommandé de les consommer en quantités modérées et à des fréquences raisonnables. Sous réserve de respecter ces recommandations, ces produits ont donc tout à fait leur place dans une alimentation diversifiée et équilibrée.

Souhaitant que les consommateurs puissent choisir leurs aliments pour équilibrer leur alimentation, l’UFC-Que Choisir Lyon Métropole & Rhône ayant démontré que le Nutri-Score ne stigmatise pas les aliments traditionnels de l’ex région Rhône-Alpes

  • Exhorte les professionnels de l’agro-alimentaire à ne plus dénigrer ce classement nutritionnel,

  • Transmet les résultats de son enquête à la Commission européenne et l’enjoint de ne pas céder aux faux arguments des lobbys industriels, en choisissant le Nutri-Score pour qu’il devienne le futur modèle obligatoire au niveau européen.

1 Chez les enfants, les taux d’obésité et de surpoids en France ont été multipliés par six depuis les années soixante pour atteindre désormais 17 %. Chez les adultes, une personne sur deux en France est concernée.

2 En 2015, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) s’est prononcé en faveur du Nutri-Score. En 2015 et en 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a confirmé que les classements opérés par le Nutri-Score sont conformes aux recommandations nutritionnelles officielles du Programme National Nutrition Santé (PNNS).

3 L’enquête réalisée en 2016 par le ministère de la Santé dans 60 supermarchés, ainsi qu’un test pratique auprès de consommateurs ont démontré la supériorité du Nutri-Score sur tous les autres modèles d’étiquetage testés.

4 Les aliments de Nutri-Score ‘E’ ne représentent qu’un pourcent des produits de grandes marques nationales affichant ce logo. Source : Etude ‘’Evaluation à 3 ans du logo nutritionnel Nutri-Score’’- Ministère de la Santé – Février 2021.

5 mai 2022