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Répartiteurs de chauffage : quel profit, pour qui ?

La loi de transition énergétique prévoit d’imposer dès mars 2017 dans certains immeubles un peu « gourmands » en énergie, dotés de chauffage collectif, l’installation sur les radiateurs d’appareils de mesure destinés à individualiser les frais.
Il est même envisagé une sanction de 1500 € par logement si ce n’est pas fait.
Le message est clair : qui trop chauffera, beaucoup paiera !

Si une large majorité de la population est d’accord avec le principe de limitation de la consommation d’énergie, comment expliquer qu’une majorité de professionnels du bâtiment et de l’immobilier, à quelques exceptions près, est opposée à cette mesure, considérée comme inadaptée ?

Plusieurs raisons principales sont mises en avant :
La partie individualisable du coût de l’énergie consacrée au chauffage d’un logement ne dépasse pas 40% du total ; une partie sert aussi à chauffer l’eau sanitaire, ou se dissipe dans les canalisations. L’entretien et l’amortissement du matériel comptent pour beaucoup dans la facture.
Les logements ne sont pas indépendants en termes de thermique. Tel occupant bien encadré par des voisins frileux n’aura dans certains cas pas à chauffer du tout : ce sont eux qui paieront.
Avant d’investir dans des comptages, plus ou moins fiables, d’autres priorités sont souvent oubliées : la régulation et l’entretien des réseaux. L’installation de robinets thermostatiques, un bon règlage des vannes de répartition, les désembouages sont souvent très efficaces.

Une polémique s’est rapidement installée sur les prévisions d’économie d’énergie qu’apporterait ce comptage individualisé. Ses promoteurs, intéressés par ce concept, fabricants et installateurs, ont évoqué au départ des gains de 15 %, ramenés à 10 % par les thermiciens de terrain, souvent moins encore par les exploitants dubitatifs. Qui croire, comme toujours ? On peut toujours manipuler les chiffres. Et de plus, est-ce que les gains sont durables ? Pas sûr.

Alors, pourquoi cet engouement porté par un législateur très porté sur les sujets énergétiques et la médiatisation qui les accompagne ?
Croit-on vraiment à la pertinence d’un sondage public organisé par le Syndicat de la Mesure, donnant plus de 90 % de réponses favorables à cette initiative ? Lobby or not lobby ? En tout cas, il y a là un très gros marché potentiel, et des clients piégés pour longtemps.

Car il faut également bien penser que ces matériels seront payés (vendus ou loués) par les exploitants, qu’ils devront faire l’objet de relevés, de calculs des coûts de consommation individualisés, que leur coût s’ajoutera aux charges, imputant souvent très fortement les économies éventuellement réalisées…

Certains gestionnaires de copropriétés sont favorables à cette disposition améliorant leurs honoraires, bien sûr, et poussent actuellement les résidents à voter ces mesures.
Mais il faut savoir qu’elles ne sont pas encore obligatoires, les décrets d’application n’étant pas encore parus en ce début mai 2016.

Soyez donc très prudents dans les assemblées générales.

Le sujet, pour verte qu’en soit la couleur, n’est pas à prendre à la légère.